Créer un jardin, pour moi, c’est avant tout créer une ambiance.
Car créer un jardin, pour moi, c’est avant tout créer une ambiance : composer un jardin naturel, c’est implanter une atmosphère de décontraction, enraciner un sentiment de bien-être et de quiétude.
Nourri dès mon enfance par la poésie méconnue des forêts et garennes du Médoc, j’ai été séduit, en 1979, par les magnifiques paysages vallonnés de l’Entre-deux-Mers : Pellegrue et Cazaugitat dans un premier temps puis Saint-Ferme, et retour Pellegrue aujourd’hui.
En bon coucou, j’y ai fait mon nid
En bon coucou, j’y ai fait mon nid… et mon jardin. (ça, c’est pour le plaisir du jeu de mot avec Coucou Jardin car, comme chacun sait, le coucou ne fait pas de nid mais profite de celui d’un congénère ; ce n’est d’ailleurs pas sans rapport avec mon approche du jardin mais j’y reviendrai plus loin…)
J’aime les jardins naturels
Ma conception du jardin est imprégnée de tout cela : j’aime les jardins naturels, composés d’essences locales qui se fondent et se confondent avec les paysages environnants ;
j’aime les jardins-surprise, ceux, même tout petits, où l’on trouve un petit coin secret, le jardin qui, comme une femme, ne dévoile pas tout au premier regard, au premier instant, mais sait garder ses mystères pour mieux vous surprendre, vous séduire.
Mais j’aime aussi explorer de nouvelles pistes, de nouveaux aménagements, de nouvelles associations qu’il s’agisse de plantes ou de matériaux.
Transformer
Créer un jardin, c’est d’abord créer une relation avec les personnes qui désirent ce jardin et avec le jardin lui-même. On ne part jamais de rien ou rarement.
Partir de rien, ce serait partir d’un terrain nu avec des clients sans idées. C’est possible mais peu fréquent.
Il faut donc observer et comprendre, les lieux et les gens ; intégrer l’existant au projet, le mettre en valeur : un vieil arbre tordu, un mur lépreux, une roche qui affleure…la tentation est parfois grande chez celui qui veut s’approprier l’endroit d’abattre l’arbre rabougri et de re-crépir le mur…quant à la roche…
Pourtant, ce sont peut-être ces détails qui donneront tout son cachet à la composition finale. Cela, il faut savoir l’expliquer, le transmettre ; rappeler des choses simples notamment le fait qu’il suffit de quelques minutes pour abattre un arbre qui a mis plusieurs décennies à se développer et que cela vaut peut-être la peine d’y réfléchir à deux fois…
Il faut trouver le compromis entre le jardin rêvé, imaginé au fil des revues feuilletées, des ouvrages étudiés voire des nostalgies enfantines (chez ma grand-mère, il y avait des rhododendrons…) et la réalité du lieu : qualité de la terre, ensoleillement…(terre argileuse et plein soleil… c’est pas gagné pour les rhodos ! ) Il faut trouver les essences susceptibles de faire le lien entre les deux.
Entretenir
Ensuite, c’est un cheminement, un accompagnement, du temps : on travaille sur du « vivant » qui va croître, évoluer, ce qui génère
une relation durable, patiente, attentive et qui conduit le jardinier et ses clients à une relation personnelle, des espoirs communs, des déceptions partagées.
On croit entretenir un espace et on entretient une relation…On est dans le temps long, de soins quotidiens en échanges anodins autour d’un rosier souffreteux : on débat de son devenir : Faut-il le déplacer ? Le supprimer ? A-t-il une valeur sentimentale ? Très important cela : Arriver à appréhender la conception que la personne a de son jardin, quels sont ses impératifs, ses priorités, ses refus.
Et cela fait plus de 20 ans que le débat se poursuit avec certains (souvent certaines) sur la nécessité ou non de conserver telle branche au cèdre, de déplacer une pivoine ….
Je reviens à mon idée du coucou : coucou je suis car j’aime aussi m’imprégner de ce que dégage un lieu et, peu à peu, sans en avoir l’air, le faire mien tout en réalisant le projet attendu.
C’est ainsi que je m’approprie le jardin des autres et y dépose le fruit de mes réflexions comme le coucou ses œufs !